Dico d'argadz de Mister , d'après le 'dictionnaire des argots français' des éditions Larousse - 1956

C


cabo : (n. m.) élève classé de 7ième à 10ième au concours d'entrée et portant galon rouge (An 1880) ; étymologie : de caporal [c'était leur grade officiel]

caboulot : (n. m.) petit cabaret (An 1850)

cabri : (n. m.) professeur et cours de comptabilité (An 1856-10) ; étymologie : motif oublié

cachalot : (n. m.) mets de poisson (An 1910)

cadavre : (n. m.) règle d'acier en usage à l'ajustage (An 1903) [voir le mot cercueil]

cadre : (n. m.) tableau noir ; "passer au cadre" : être interrogé (Ch 1869)

café (prendre le) : [...] (n. m.) être admonesté par le directeur (Ai & Ch 1920) [dans son bureau]

cage : (n. f.) [...] prison (Ch 1869)

caisser : (1) (v. intr.) rager, maronner (Ai 1885-26) ; étymologie : du provençal "se queso" : rester coi [?]; (2) (v. tr.) chaparder (Pa 1929) ; étymologie : "mettre dans sa caisse"

calcasse : (n. f.) règle à calcul (Ch 1869) [nos calculatrices modernes n'existant pas encore] ; synonyme : poutre-à-c's

calmer : (v. tr.) dompter, "calmer un rat" : venir à bout d'un surveillant (Ch 1910)

cambuse : (n. f.) boquette (Ch 1869-91) ; étymologie : terme nautique

Cam's (père et mère) : (n. pr.) sobriquet du portier et de la portière (An 1875-32 & Li 1905-07) ; étymologie : survivance d'un portier redouté (An 1856) et souvenir de "Père Camus et Mère Camus" chanson de 1804 [plus douteux je pense]

canaque : (n. m.) élève d'une promotion à millésime impair (Ch 1887, antérieur à 1881) ; les cuscrits canaques interdisent aux viscrits agneaux d'ordonner des buques aux conscrits canaques (Ch 1893) ; étymologie : populairement est canaque l'homme à peau noire, comme natif de Nouvelle-Calédonie, différence donc entre canaque (homme noir) et mouton (bête blanche) [on peut comparer avec les St Cyriens dont les promotion sont alternativement jaune et rouge [ap's!]]

canard : (n. m.) le (joueur de) tambour, sobriquet donné par survivance d'un des titulaires de la fonction (1887) [(Mo)² est un exemple moderne du même genre]

canass' : (n. m.) élève le plus grand de la promotion (Cl 1930) ; synonyme : cheval, lancier et cham's ; variante :
carnass' (Ai 1929)

caniche : (n. m.) surveillant (An 1875, Ai 1889), "le caniche de chauffe" : le surveillant aux cuisines (An 1929) ; synonyme : moloss ; à Angers caniche a succédé à chien, ailleurs on les nomme rats ; mots dérivés :
canicherie : (n. f.) ensemble des 11 caniches (An 1903) appelé le plus souvent la meute

canne-à-b's : (canne à bombe) (n. f.) tube de fer muni d'une capsule, fabriqué en fraude à l'atelier, et avec lequel une dizaine de pierrots tirent des coups de feu au devant du char de l'Ecole (Ai 1910)

canne-à-p's : (canne à pêche) (n. f.) sobriquet appliqué à un homme long et maigre (1882-19)

cannibale (1882), touareg-cannibale (1895), cannib's (1905) : (n. f.) danse barbare imposé aux conscrits (An 1882), où la forme cannib's est interdite en 1910 (Ch 1905, Cl 1910, Li 1910-28) ; on l'exécute dans la position accroupie, en lançant en avant une jambe, puis l'autre, et en proférant des paroles abracadabrantes ; étymologie : supposée gadzarique, cette danse se pratique en Tauride, selon l'Iphigénie de Gluck [ne me demandez pas ce que c'est, je n'en ai aucune idée]

cap's : (1) (n. f.) capote (Cl 1910) ; (2) capitaine (Li 1921)

carburer : (v. tr.) travailler ; "R. carbure cher Zénith" (1930)

carrer : (v. tr.) économiser (Pa 1929)

casse-cul : (n. m.) (1) amphithéâtre sans pupitres où l'on écrit sur ses genoux, dans une position pénible (An 1909) ; (2) par extension, salle d'étude, "la revanche cesse au tap's d'entrée en casse-cul" (An 1927)

castor : (n. m.) élève aspirant aux Arts (Ai 1910, Li 1921, An 1927), reçu il reste castor jusqu'au baptême ; étymologie : terme venant probablement de la marine du XIXième, auparavant fille galante (XVIième) : peau de demi-valeur

Caton : (n. m.) sous-directeur (Li 1907, An 1905-14, inusité en 1929) ; étymologie : Caton le Censeur est une célébrité latine (le terme transite par les lycées avant les Arts)

Cayenne : (n. pr.) l'Ecole (Ai & Cl 1910) ; "l'Echo de K.I.N." : journal (Ai 1910) ; étymologie : de Cayenne, bagne depuis 1853

Les 100 jours : (1) trimestre précédant, en ancien, la décale (An 1903, Cl & Ai 1910), et pendant lequel des amendes, affectées à une cagnotte sont infligées à qui parle l'argot des Arts, (2) fête inaugurant cette période (Ai 1903) ; en 1875, la réjouissance n'est que de déplacer de jour en jour une cheville dans les 100 trous d'une tôle qui bouche une fenêtre

central, aux : (n. m.) élève natif du centre de la France (An 1903)

centrer : (v. tr.) réussir ; "centrer une merde" : avoir un 0 (An 1903) ; "un monôme centré" : épatant (Cl 1929) ; "une poche centrée" : un grand chambard (An 1909) ; étymologie : de l'expression technique "centrer une pièce", marquer de 2 traits d'équerre, les extrémités de l'axe de la pièce à tourner [voir aussi : axer quelqu'un : le remettre à sa place]

cercueil : (n. m.) nom de la boîte contenant la règle nommée le cadavre (An 1903)

chambard : révolte de toute l'Ecole (1900)

cham's : (n. m.) (1) élève major en hauteur (Li 1929), où le cham's assisté du sous-cham's du pomp's et du sous-pomp's laïusse face à la statue de Faidherbe [qui c'est ???] ; (2) femme, "mon cham's" : ma cavalière de bal (An 1929)

la Chapelle : (n. pr.) dortoir des viscrits au plafond bas et voûté (Ch 1910)

chauffe : (n. f.) les 100 derniers jours d'ancien (Ai & Ch 1910) ; étymologie : chaque ancien, un jour durant, dirigé par un ouvrier, chauffe la machine à vapeur ; "petite chauffe" : nombre de jours qui séparent d'une petite décale (Ch 1931) ; dès Janvier, le conscrit doit savoir le nombre de la petite chauffe de Pâques

chaussette : (n. f.) gants blancs d'uniforme (Ch 1891)

cheval : (n. m.) élève de haute stature (An 1856) ; "les chevaux" : les 10 plus grands de la promo ; "les chevaux négatifs" : les 10 plus petits de la promo (Ai 1875) ; "pomp's en tête et cheval en queue, ou monôme des 508" (Cl 1911) ; synonyme : lancier, cham's et canass ; mots dérivés :
les Chevaux : (n. pr.) le dortoir des plus grands conscrits (An 1914) [voir aussi Culot et Mulet] ; et l'un des quatre de viscrits [voir aussi La Chiée]

chic (pousser un) : (n. m.) une ovation (Cl 1910, Li 1911) ; [viendrait de Normale Sup 1895]

chichine : (n. f.) mauvaise viande (Cl 1910) ; étymologie : dérivé du catalan "chichina" : viande hachée

chiée : (n. f.) groupe, suite de 11 choses, de 11 personnes, "La Chiée" : est le nom d'un dortoir comportant 11 lits (An 1928) ; "une chiée de tableaux" : titre d'une revue de 11 tableaux (An 1928) ; étymologie : du calembour "on s'fait chier" populaire avant 1890

chien : (n. m.) surveillant, d'ordinaire ex-adjudant militaire (An 1849-10) ; synomyme : les termes caniche et rat (Ai 1875-29) lui ont succédé

chimarre : (n. f.) cuite (An 1929) ; étymologie : du provençal "chimar" boire

chine : (n. f.) (1) les bancs supérieurs d'un amphi (Ch 1869), où la règle est de placer les élèves mal classés ; (2) la fonderie (Ai 1908, Ch 1927) ; synonyme : fondance, paverie et lapinerie ; mots dérivés :
chinois : (n. m.) (1) élève faible en quelque matière, "chinois en matiques" (Ch 1855) ; (2) élève à la fonderie dont le chef est appelé le mandarin ; étymologie : le fondeur s'accroupit en Boudha pour mouler son sable noir-vert

chiotte : (n. f.) chambrette du chien au dortoir (An 1903)

ciboul's : (n. f.) tête (An 1903) ; étymologie : de "cibole" : tête de massue

cig's : (n. f.) cigarette (An 1849)

ciné (Ch 1893), cinémat' (An 1909), ciném's (Pa 1929) : (n. f.) cinématique

Les 508 : (n. pr. m. pl.) aux Arts, fête marquant la moitié du temps passé à l'école (1016 jours), sommet de la "spirale exançoïde", célébrée par des facéties (manger dans son verre le dos à la table, ...) et un monôme en ville (An & Cl 1909, Li & Pa 1929, Ai [la 508] 1930) [d'autres écoles ont la Culbute ou le Demi-tour] ; synonyme : la Mi-temps

la Cipale : (n. pr. f.) musique municipale (Ch 1969)

cisaillé (e) : (adj.) stupéfait, qui a "les bras et les jambes coupés" (An 1929)

clé d'ex, clé d'exance : (n. f.) emblème de la sortie d'une promotion (An 1903, Ch 1905, Cl 1910 (dite aussi clé des Ex), Li 1911), pièce de 2m pesant 30kg, et dont le mot EX forme le penne ; elle est tirée au sort, et décide du premier à passer l'examen, suivi selon l'ordre alphabétique, mais reste en propriété au dernier sortant [voir aussi exance]

La Clouterie : (n. pr.) l'atelier des forges (An 1903), dit aussi La Clout's (An 1929) ; synonyme : La Flaque ; mots dérivés :
cloutier : (n. m.) un forgeron (An 1903)

clun'zarts : (n. m.) gadzart de Cluny (Cl 1911)

clyco : (n. m.) sobriquet, escorté de Canule et La Purge (An 1882)

colle : (n. f.)  atelier de menuiserie (Ai 1875) et de modèlerie (Ai 1910) ; synonyme : potacollerie ; ‚ concours, "colle de sortie" (Ch 1887) ; mots dérivés :
colleur : (n. m.) élève à l'atelier de menuiserie (Ai 1890)

colleter : (v. tr.) réussir, "j'ai colleté en répèt' de cyclope" (Ch 1855-10) ; étymologie : coller : s'adapter ; mots dérivés :
colleteur : (n. m.) expert, "M. est colleteur mais ne dévisse pas" (Cl 1910)
colletante : (n. f.) réussite (Ch 1869)

colonel : (n. m.) cuscrit élu en viscrit pour passer la revue des Fignoss avec le général (Ch 1895)

Le Comit's : (n. pr.) le comité tribunal, assisté de 5 bourreaux, appréciant la connaissance des traditions chez les conscrits (Cl 1910)

commissaire (au Fignoss) : (n. m.) chacun des 17 officiers, élu en viscrit et qui au Fignoss escortent le major des anciens (Ch 1895), l'un d'entre eux est premier (1903), chef (1909) commissaire [voir aussi général et colonel]

compote : (n. f.) composition sur un sujet donné (1893) ; variante :
comp's (Pa 1929)

compression : (n. f.) danse sur un dormeur, protégé par un matelas, "au minuit de Noël, passage à la compression" (Ai 1903)

cône : (n. m.) paquet de tabac à fumer de forme conique (Ai 1910)

conf's : (n. f.) conférence (Pa 1929)

conscrit : (n. m.) (1) élève de 1ière année (An 1849, Ch 1869), "un conscrit n'est qu'un 0, moins que rien, 300° au dessous d'un chien" (1903) ; (2) "en conscrit" : 1ière année d'étude ; "cosaque [instruction religieuse] en conscrit le Jeudi, en viscrit, le Mardi, en ancien le Mercredi" (1856), "notre étude de conscrit", "je suis ex de conscrit", "depuis conscrit il est rouspéteur" (1929) ; mots dérivés :
conscraille : (n. f.) ensemble des conscrits (An 1910)
conscraillon : (n. m.) candidat reçu au concours mais non encore entré (An 1909) ; entré mais non encore baptisé (Ch 1910)
conscrital : (adj.) de conscrit, "si un cuscrit passe près d'une forge conscritale, le frappeur rectifie la position" (Li 1905, Ch1910)

construction : (n. f.) "par construction", en vertu de la formation intellectuelle, "les gadz sont réalisateurs par construction" ; étymologie : métaphore géométrique (1927)

cop's : (n. m.) camarade d'école (1926)

copeaux : (n. m.) frites (Ai 1908)

coq's : (adj.) fâché, brouillé (An 1856) ; étymologie : angevin "faire le jar (le coq)" se piquer par susceptibilité ; mots dérivés :
se coq'ser : (v. pr.) se fâcher, se bouder (An 1878)
se décoq'ser : (v. pr.) se mettre d'accord (An 1878)

corbillard : (n. m.) terrine pour les déchets, au réfectoire (Ai 1910) ; synonyme : dégueuloir et plat-à-fin's

cosaque : aumônier (An 1856-85), "cosaque tous les quinze jours (pour confession)" (An 1856)

cote (n. f.) "à la cote" (loc. adj.) : parfait, "le major a prononcé un discours à la cote" (An 1911)

couille : (n. f.) ampoule [mot venant de la marine]

théorème de couill'-au-c's : "quand y a pus d'jus dans les tuyaux, y a pus d'jus dans les lampes", théorème qui explique l'extinction subite d'une lampe électrique, appelé aussi thèorème d'attila (Ai 1925)

coulée : (n. f.) intérim, "Mikado, le rat de l'infirmerie, fait la coulée au dortoir" : remplace les surveillants qui ont leur nuit de repos (Ch 1910) ; étymologie : de soudure, la coulée de fonte liquide soude deux pièces

cours-jus : (n. m.) "faire cours-jus" : avoir une panne (An 1929)

cramer : (v. tr.) "la moteur crame!" : il chauffe (An 1927)

clapse : (n. f.) trépas, "bûcher la clapse" : être malade (Ai 1910)

cramper : (v. tr.) punir, "baiser", "crampé de sortie" : consigné (An 1903)

crap's : (n. m.) cigare (An 1903)

crasseux : (n. m.) peigne (Pa 1929)

Les Crève-la-faim : (n. pr.) l'un des trois dortoirs d'anciens (An 1903) [avec Aristos et Populos]

croq's : (n. m.) croquis d'art ou schéma technique (Ch 1878) ; mots dérivés :
croq'ser : (v. tr.) dessiner (An 1903)

croque-mort : (n. m.) uniforme gris foncé, sans cachet militaire, porté dans les écoles de 1830 à 1843

croust : (n. m.) (1) croûton de miche (An 1849, Ch 1891, Cl 1909), "un croust tu radineras, à ton ancien journellement" (An 1914) ; variante :
croût's (An 1856) et
croustiche : morceau de pain (Ch 1891) ;
(2) péruquier (An 1856) ; (3) (n. f.) barbe (An 1909) ; étymologie : la croûte est ce que la scie enlève d'un billot à équarir ; mots dérivés :
croustonner : (v. tr.) couper les cheveux (An 1875)
se crouster : (v. pr.) se raser (An 1909)
crousteur : (n. m.) coiffeur (An 1909)
croustoir : (n. m.) rasoir (An 1909)

cruppinette : (n. f.) veilleuse de dortoir (Ch 1910) ; étymologie : peut-être de Cruppé, ministre du commerce en 1908 [ou-est le rapport?]

c's : (n. m.) cul (An 1918), "fait au poil du c's" (An 1918)

cube : (n. m.) paquet de tabac (Ai 1910)

cubilot : (n. m.) "passer au cubilot" (en parlant d'argent) : être dépensé, appel à la cotisation, "nombre de kilos de gros sous sont passés au cubilot" (An 1930) ; étymologie : au sens propre : être passé à la refonte, au creuset ; variante :
cubil's (Ai 1911, Pa 1929)

cuistre : (n. m.) garçon servant au réfectoire et brossant les effets aux promenades (An 1856, Ch 1869, Li 1911)

culot : (n. m.) dernier de promotion (Pa 1929), au classement (Ch 1893 où on admet le pluriel : "les culots en math"), par la taille (An 1856-30) ; étymologie : le culot d'une portée, le dernier mis à bas est souvent le plus petit ; mots dérivés :
culotte : (n. f.) les dix derniers du classement (Ch 1910)
culotter : (v. tr.) déformer, malmener pour donner du chic, "culotter sa casquette" (1903)

cuscrit : (n. m.) aux Arts, élève de 3ième année (An 1856, moins usité qu'ancien, mais en plein usage en 1875, Ch 1869, Li 1910, Cl 1910, Pa 1929), "en cuscrit" = la 3ième année d'école ; étymologie : scrit (tiré de conscrit) + cul qui a dès 1632 pour synonyme populaire "vénérable" : la respectabilité rassise de l'ancien succède à la fougue du viscrit et à la naïveté du conscrit ; mots dérivés :
cuscrital : (adj.) de cuscrit (Ch 1889)

cuver : (v. intr.) fainéanter (Pa 1929) ; étymologie : de "cuver son ivresse" ; mots dérivés :
cuvage : (n. m.) fainéantise

cyclope : (n. m.) canif à une lame à tailler la plume d'oie (Ch 1855) ; étymologie : c'est Cadet, professeur d'écriture et de comptabilité (1855), surnommé le cyclope parce qu'il est borgne et qu'il distribue ses plumes ; le sobriquet passe à son successeur ; le terme désigne aussi un couteau de poche (Ch 1869-96) ; mots dérivés :
cyclope : (n. f.) écriture (Ch 1855)
cyclopante : (n. f.) écriture (Ch 1869), coupe des pierres (1893), des cheveux, "descente au pionçoir des conscrits avec cyclopante" (Ch 1906)
cycloper : (v. tr.) (1) écrire et ‚ couper (1869), "cycloper les tifs" (1891, locution passée à Lille en 1921)

cyclope : (n. m.) élève de forge (Ch 1891 désuet en 1905)

Cythère : (n. pr.) "bûcher Cythère" : avoir des idées d'amour (An 1910)

 
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