ANGENIEUX Pierre - Cluny 1925

"Pierre Angénieux est né le 14 juillet 1907 (…). Il entre en 1925 à l'Ecole des Arts et Métiers de Cluny et rejoint l'Ecole supérieure d'optique en 1928. Il entre dans la vie active et se retrouve chez Pathé. C'est l'âge d'or du cinéma, en pleine effervescence, tant dans le domaine de la production que de la recherche de la clientèle, mais aussi dans l'évolution des techniques (…). Il fonde son entreprise en 1935 et se tourne vers le marché du cinéma professionnel (…).
Mais l'époque entraîne aussi des programmes importants pour la Défense, et des commandes de composants optiques et mécaniques. À l'instigation du gouvernement, Angénieux va se délocaliser et ouvrir un atelier d'optique dans son village natal, à Saint-Héand. À la débâcle de 1940, II se retrouve en zone libre. Un faible courant d'activité est maintenu grâce au cinéma français (…). L'atelier traverse ainsi les années noires dans un demi-sommeil. Mais Pierre Angénieux, lui, est bien éveillé. C'est au cours de cette période qu'il poursuit ses recherches dans le domaine du calcul des combinaisons optiques. Il prépare le futur, une stratégie pour le développement de son entreprise : l'instrument d'optique destiné à produire des images, c'est-à-dire les objectifs de prise de vue et de projection.

La société Angénieux va désormais bénéficier, en la personne de son patron, d'un opticien concepteur exceptionnel... Il choisit le concept du calcul trigonométrique de la marche des rayons lumineux pour développer ses objectifs. Dès la fin de la guerre, il installe une nouvelle usine moderne (…). Angénieux équipe de nombreuses marques d'appareils, tels que SEM, Lumière, Royer (de René Royer, ingénieur Arts et Métiers), et surtout Kodak-Pathé, dont il sera le fournisseur exclusif pendant dix ans. En 1950, avec le Retrofocus, Angénieux fait œuvre de novateur. Cinquante ans après, mondialement et exclusivement, le modèle demeure ; retrofocus est devenu un nom commun.
La seconde innovation majeure signée Angénieux sera le zoom, en 1958 (…). Pour y parvenir, Pierre Angénieux écarte le système de la compensation optique au profit de la compensation mécanique (aujourd'hui universellement adoptée). L'apparition du zoom est un événement considérable pour le cinéma, la télévision et la photo. Peut-on imaginer le monde sans lui aujourd'hui ?
(…)
En 1964, la Nasa sélectionne l'objectif Angénieux et, le 31 juillet, pour la première fois, la Lune est photographiée à bout portant par la sonde spatiale Ranger Vil (…). En 1969, le 21 juillet, ce sont les premiers pas de l'homme sur la Lune, suivis par le monde entier grâce à un objectif Angénieux (…). En 1994, chaque vol de la navette spatiale met en œuvre plusieurs exemplaires de ce zoom.
En 1964, puis en 1990, Pierre Angénieux recevra deux oscars pour ses travaux; en 1973, lui est attribué le Grand prix des ingénieurs civils et, en 1994, le prix Nessim Habif.

Il part à la retraite en 1975. Tout en restant impliqué dans son entreprise, il prend de la distance avec le quotidien, mais continue à inspirer les équipes qu'il a formées."

Extrait de l'article de Jean Vuillemin (Pa 40) parut dans Arts et Métiers Magazine - Septembre 2001.

Pour en savoir plus :
Chasseur d'images mars 1999-Un million et demi d'objectifs made in France, Patrice Hervé Pont.
Revue de l'association d'anciens élèves de l'Ecole supérieure d'optique - mars 1999, André Masson (ESO 48)

 
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