CORREARD Alexandre
- Compiègne-Châlons 1803
Né le 08-10-1788, décédé
le 16-02-1857, il fut Ingénieur , libraire et journaliste.
En 1816 il participa à une expédition en partance
pour le Sénégal en qualité d'Ingénieur-Géographe.
Le 17 juin 1816 il embarqua à bord de la frégate
La Méduse parmi 230 passagers. Le 2 juillet 1816, le
navire échoue sur le banc d'Arguin au large des côtes
Mauritanienne.
Les tentatives pour remettre le navire à flot étaient
vaines; le 5 au matin la décision d'évacuer fût
prise.
Les embarcations de bord étant insuffisantes, on construisit
un radeau sur lequel montèrent 152 personnes.
Trois canots assuraient le remorquage du radeau, mais ils s'en
séparèrent tour à tour. Le radeau et ses
152 passagers furent ainsi abandonnés au milieu de l'atlantique
... bientôt tourmentés par le manque d'approvisionnement
:
"Sur cet étroit théâtre, où tant
de douleurs se réunissaient, où les plus cruelles
extrémités de la faim et de la soif se faisaient
sentir, des hommes vigoureux, infatigables, exercés aux
professions les plus laborieuses, succombèrent l'un après
l'autre sous le poids de la destinée commune[...]"(Corréard-Savigny).
"Parmi les malheureux que la mort avait épargnés,
les plus affamés se précipitèrent sur les
restes inanimés d'un de leurs malheureux frères
d'infortune, mirent le cadavre en pièces et se rassasièrent
de ce mets horrible. A l'instant même, beaucoup de nous
n'y touchèrent pas. Ce ne fut que quelques temps après,
que nous fûmes tous obligés d'en venir à cette
extrémité." (Coudein)
Après 13 jours de dérive, quinze hommes vivant
furent recueillis par un navire envoyé à la recherche
du radeau. Ils furent débarqués à Saint-Louis
(Sénégal), les plus atteints transportés
à l'hôpital; cinq y décèdèrent.
Ne survécurent que 10 hommes, parmi lesquels : Coudein
(aspirant de marine), Corréard et Savigny (chirurgien de
marine). Ces deux derniers relatèrent leurs émouvantes
péripéties dans un récit publié un
an plus tard.
Le peintre Géricault s'inspira du Naufrage pour réaliser
l'un des chefs-d'oeuvre de l'école française.
Marqué à juste titre par ce naufrage, Corréard
"garde une sorte d'excitation nerveuse". D'aucuns le
qualifièrement même, à certains égards
déséquilibrés". Cette suractivité
se manifesta par la publication de nombreuses brochures, lesquelles
provocantes lui valurent autant de procès.
'Questions à l'ordre du jour' (4 mois de prison
et 1000F d'amende)
'Le temps qui court' (3 mois de prison et 400 F d'amende)
'Pièces politiques' (400 F d'amende)
Selon les rapports de la Police politique de l'époque,
Corréard était en outre membre influent de "Chevaliers
de la Liberté", une organisation clandestine dont
l'objectif était de proclamer l'avènement de Napoléon
II et de renverser Louis XVIII.
En 1825 et 1828, il fonde succéssivement : "le
journal des sciences militaires","Le
journal du Génie Civil, des sciences et des Arts".
Puis il s'intéressa aux Chemins de fer et dessina
notamment les plans de la future gare d'Austerlitz et le tracé
de plusieurs grandes lignes.
"En 1848, il tenta sans succès de se faire élire
député, se qualifiant dans ses affiches et son programme
d'ingénieur de la Méduse. Il se retira dans sa propriété
des Basses-Loges près de la forêt de Fontainebleau.
Il mourut en 1857, âgé de quarante-huit ans et repose
dans le cimetière d'Avon. On retrouva dans sa succession
quatre aquarelles de la main de Géricault."
Sources :
Georges Bordonove, 'Le naufrage de la Méduse',
édition Robert Laffont 1973
Prosper-Jean Levot, 'La Méduse et autres naufrages',
éditions Raymond Castells 1998
Pour approfondir le sujet :
Corréard et Savigny, 'Naufrage de la frégate
La Méduse faisant partie de l'expédition du Sénégal
en 1816'. Paris 1817
Tonnelé Jean, Le naufrage de La Méduse, "Revue
Historique de l'armée", 1965 (n°1).
Dutrech Jean, Le naufrage de La Méduse "Revue
Franco-limousine", Limouzi n°139, Paris 1908.
Document :
Page de titre de la "Relation de Corrérd et Savigny"
et le plan du radeau de "La Méduse", édition
de 1817.
