Marcel Hanra - Ch. 1904

" Organiser, animer et servir ! Telles ont été les idées forces qui déterminèrent l'exemplaire destinée de Marcel Hanra " ( allocution du Sénateur-Maire Robert Calmejane lors des cérémonies du centenaire de M.H.)

Il est né le 26 février 1887 à Châlons sur Marne, troisième enfant d'une fratrie de cinq, son père Dorimond Hanra, d'origine modeste, était agrégé de physique et professeur aux Arts et métiers à Châlons.
Il se décrit comme un élève turbulent et chahuteur qui avait quelquefois le " bonnet d'âne ". Cela ne l'empêcha pas de faire une bonne préparation au collège de Châlons et de réussir le concours d'entrée aux Arts et Métiers à Châlons. Il en sort diplômé en 1907. Ses trois frères sont des Gadzarts, Gabriel (Ch 1895), André (Ch 1897) et Fernand (Ch1914).

Soulager les soufrances

Après son service militaire dans le génie à Verdun, il est engagé aux Hauts Fourneaux d'Esch sur Alzette, au Luxembourg où il perfectionne son allemand. Les conditions de travail dans la sidérurgie, à l'époque, étaient très dures, et conduisaient à un grand nombre d'accidents. C'est là qu'il prend conscience de cette vie difficile, on dirait aujourd'hui inhumaine, et qu'il va s'efforcer d'améliorer. Ce premier engagement, à 25 ans, va orienter sa vie.
Il épouse en 1911 Léa Billot (décédée en 1966), ils auront quatre filles puis 17 petits-enfants et arrière-petits-enfant.

A la déclaration de guerre en 1914, Marcel Hanra réussit difficilement à rejoindre à temps la France et Verdun, son poste de mobilisation. L'horreur de ces premiers mois de guerre ne va que conforter son inclination vers le soulagement des souffrances des hommes.
Fin 1915, devant l'enlisement de la guerre et pour augmenter la production d'armement, il est rappelé du front et affecté à Neuves-Maisons où, sous les bombardements, il remet en marche les hauts-fourneaux de Knutange. Il montre à cette occasion ses qualités d'organisateur et d'entraîneur d'hommes. Marcel Hanra et son équipe seront cités à l'ordre de la Nation.
Dès la fin de la guerre, connaissant son efficacité et sa connaissance de l'allemand, il est chargé du séquestre des usines métallurgiques de la Lorraine redevenue française. Il constitue son équipe avec 16 Gadzarts. La reconstruction du bassin lorrain va se faire dans un climat social très difficile, au milieu des grèves (la révolution russe était de 1917) et avec un travail très dur (12 H de travail de jour alternant avec 12H de travail de nuit), toujours ponctué de très nombreux accidents Son travail acharné et son contact humain vont avoir une influence positive certaine sur cette reconstruction .

Le journal l'Est Républicain du 27 novembre 1923 :

"Toujours à l'écoute des doléances de ses subordonnés, Marcel Hanra est connu pour son dévouement et son ardeur au travail . Dans les moments critiques de tensions sociales et politiques, il embrasse d'un coup d'œil une situation compliquée, trouvant toujours un terrain d'accord entre ouvriers et employeurs."

Après cinq années en Lorraine il rejoint les Etablissements Bacholle en Région parisienne et s'installe à Villemomble. Ce changement est essentiel car il fait à ce moment là le choix décisif, sa priorité devenant, non pas sa carrière, mais ce qu'il a laissé deviner depuis longtemps : s'occuper des autres et surtout des plus faibles, tout en gardant une activité professionnelle.
Il est élu en 1925 conseiller municipal de Villemomble et il a été Maire adjoint de 1953 à 1969 avec un court intermède à la Libération comme Responsable de l'Administration, désigné par les Mouvements de Résistance.

Oeuvres sociales

Dès 1932, il crée le Centre d'hygiène et d'Assistance Sociale de Villemomble, pour aider les plus démunis, reconnu d'utilité publique, dont il sera le Président jusqu'en 1971. Il entreprend une véritable croisade contre la misère et la tuberculose qui fait des ravages, à une époque où la Sécurité Sociale n'existe pas. Pour financer le Centre et les œuvres sociales, il entraîne toute une équipe de bénévoles sans distinction d'origine sociale et il organise des collectes, kermesses, soirées de gala, ventes diverses. Le Centre qui a pris aujourd'hui le nom de Marcel Hanra existe toujours, en faisant évoluer ses priorités, selon les besoins, par exemple aujourd'hui, l'aide aux personnes âgées.

L'activité sociale de Marcel Hanra ne s'arrête pas là puisqu'il intervient dans plusieurs associations caritatives de Villemomble, par exemple :
- administrateur de la " Mutuelle de Villemomble "
- administrateur de l'Office Public d'Habitation à Bon Marché
-secrétaire de la Ligue des Familles Nombreuses
Mais aussi au plan national, par exemple :
- membre du Comité National de l'Enfance
- membre du Comité National de la lutte contre la tuberculose

Il fonde et préside en 1932 le Groupe des Ingénieurs Arts et Métiers de Villemomble-Le Raincy-Montreuil dont il restera Président d'honneur et il assistera aux réunions mensuelles jusqu'aux dernières années de sa vie.

La guerre de 1939-45 va apporter au Centre un surcroît d'activité, surtout dans le domaine alimentaire.
L'activité de Marcel Hanra ne se limita pas à cet aspect caritatif. Il ne peut admettre l'occupation. Dès 1940, il prend parti et entre en Résistance, toujours à sa manière, discrète et efficace mais qui lui vaudra la perte de sa situation professionnelle. Sa famille le suit dans cet engagement. Ses relations avec l'imprimeur Bernier du Raincy permettent la parution du tract : " France Libre ". Après avoir mis en garde ses filles sur les dangers d'entrer dans un mouvement de résistance, par sa présence d'esprit et sa connaissance de l'allemand, il sauve par deux fois sa fille Colette d'une arrestation. Dans les derniers mois de la guerre, le Centre devient le lieu de réunion des différents groupes de Résistance pour préparer l'insurrection de fin août 1944. Il cache des personnes recherchées, juif, résistant, aviateur anglais…Il devient à la Libération responsable local du mouvement " Ceux de Libération Vengeance ".

Mais qui était Marcel Hanra ?
Sa fille Colette Hanra le décrit comme un homme honnête et droit, ayant son franc-parler, conscient de sa valeur mais sans ostentation et restant simple. Animé d'une foi sans faille, il n'est pas bigot, altruiste il aide discrètement , tolérant et sachant écouter, il est agréable de parler avec lui. Il ralentit beaucoup ses activités après 80 ans, ayant des difficultés avec son ouie et sa vue.
Il est certain que ces activités débordantes ne lui ont pas permis de manifester sa présence dans sa famille aussi souvent que celle-ci l'aurait peut-être souhaité.

Pour son centenaire, des cérémonies émouvantes ont été organisées à Villemomble le 8 mars 1987. Y participaient entre autres le Sénateur-Maire et la Municipalité, la Société d'entraide de la Légion d'honneur, le Président des Ingénieurs Arts et Métiers , " Ceux de Verdun ".
Marcel Hanra, étonnant de vivacité, présida un banquet réunissant plus de 100 personnes parmi lesquelles ses camarades des Arts et Métiers, et, symbole de l'unité des promotions, son archi archi archi filleule " nums 30 " de la promotion Châlons 1986.
Il reçut des mains du président Roland Génin la médaille d'or de la Société des Ingénieurs Arts et Métiers.

La liste des distinctions qu'il a reçues est impressionnante :
Officier de la Légion d'Honneur, Chevalier des Palmes Académiques, Officier du Mérite Social, Officier d'Académie, Croix de guerre 14/18.
Médailles de bronze et d'argent de l'Académie de Médecine, diplôme de reconnaissance de la Croix Rouge avec citation, deux diplômes de reconnaissance, l'un du Maréchal de l'Air Marshall, anglais ; l'autre du Général Dwight Eisenhover, américain ; la Médaille de la Résistance.

Il est décédé le 16 octobre 1987 à Villemomble et est inhumé au cimetière de l'Ouest, à Châlons sur Marne.

E.DeAndréa (Aix 1945)
Avec l'aide précieuse de Jean Borde (An 1949)

 

 
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